NOTES

 

Ces calculs presque hagards sont ceux de Pierre Bayle à l'article PERSE du Dictionnaire historique et critique dont Hugo possède l'édition de 1702. Note à l'âge de la mort de Perse : « [Agé de 18. ans.] Cela paroît par les Consulats de sa mort & de sa naissance. Il nâquit Fabio Persico, L. Vitellio Coss. [Fabius Persicus et L Vitellius étant consuls], le 4 de Décembre, & il mourut Rubrio Mario, Asinio Gallo Coss. [Rubrius Marius et Asinius Gallus étant consuls] le 14 de Novembre. Or comme ces deux Consulats ne sont éloignez l'un de l'autre que de 28 ans, il s'ensuit que Perse a vécu 28 ans, à quelques jours près. Ainsi l'Auteur de sa vie suputa très-mal, lors qu'après avoir marqué avec tant de précision le jour & l'année de sa mort & de sa naissance, il mit sa mort à l'an 30 de son âge. St. Jérôme ne s'est pas trompé d'autant, mais néanmoins il n'a pas été d'une exactitude assez précise. Il le fait naître l'an 2 de la 203. Olympiade; & mourir l'an 29 de sa vie, le second de la 210. Olympiade. Cela ne peut être vrai qu'en apliquant sa naissance aux premiers mois de l'année, & sa mort a des mois plus avancez: or outre que St. Jérôme ne fait point ces distinctions, nous avons vu que Perse est né au mois de Décembre, & qu'il est mort au mois de Novembre. Je suis plus surpris de l'acquiescement de Scaliger au calcul de St. Jérôme que de l'erreur même de St. Jérôme. Scaliger trouve que ce Père a compté avec raison 29 ans depuis le nombre 2050 jusques au nombre 2078. Il trouve aussi 29 ans entre les deux Consulats que j'ai marquez cidessus; mais il eût mieux fait de n'y en trouver que 28. Le premier de ces Consulats tombe sur l'an 34 de Jésus-Christ, le 20 de Tibère, & le 786 de Rome: l'autre tombe sur l'an 61 de Jésus-Christ, le 8 de Néron, & le 814 de Rome. C'est selon la chronologie de Calvisius. Mr. Moreri n'a rien d'exact sur ceci. Il met la naissance de Perse à la fin de l'an 31 de Jésus-Christ, & sa mort à l'âge de 29 ans, au IX du règne de Néron & le 62 de Grâce. Pour pouvoir dire cela avec quelque ombre de raison, il faloit ajoûter qu'il étoit mort au commencement de la 62. année de l'Ere Chrétienne; mais alors on eût dit une fausseté, puisqu'il mourut le 14 de Novembre. Il est donc certain selon le calcul de Mr. Moreri, que Perse seroit mort âgé de près de 30 ans. De plus l'an 32 de Jésus-Christ repond, selon lui, à l'an 18 de Tibère; or il est certain que depuis l'an 18 de Tibère jusques au 9 de Néron il s'est passé 31 ans; il faudroit donc que Perse fut mort à l'age de 31 ans. L'édition de ce païs-ci met sa mort a l'an 26 de Grâce. C'est par une transposition de chiffres qui n'est que trop ordinaire aux Imprimeurs. Augustin Oldoini a fait des fautes puériles dans son calcul touchant la vie de Perse. Il le fait naître l'an 795 de Rome, & mourir à l'âge de 33 ans, sous la 9. année de l'Empire de Néron. Il veut que le tems de sa naissance réponde à la 203. Olympiade, & à la 21. année de l'empire de Tibère. Consultez Calvisius, vous verrez que la 1. année de la 203. Olympiade est la 785 de Rome, & que la 9. de Néron est la 815 de Rome, & qu'entre la 22. de Tibère & la 9. de Néron il n'y a que 28 ans.

J'ai sçu par une lettre de Mr. Marais que le Sieur Gessrier met la mort de Perse en la 203. Olympiade et la 785. de Rome, & le 22. de l'empire de Tibère. »

 

Si Ruffin et Théophile d'Alexandrie avaient discuté la date de la mort de Perse avec saint Jérôme, cela n'aurait pas échappé à P. Bayle. Hugo les nomme vraisemblablement sur la seule mention qu'en fait l'article JEROME du Dictionnaire de Chaudon et Delanedine: « Cet hérésiarque [Pélage] étoit soutenu par Jean de Jérusalem, ennemi de St. Jérôme, avec lequel il s'étoit brouillé au sujet des Origénistes. Ce Saint avoit rompu pour la même dispute avec Ruffin, autrefois son ami intime; Théophile d'Alexandrie les raccommoda, mais ce ne fut pas pour long-temps. Cette querelle, portée aux dernières extrémités, causa bien du scandale. St. Jérôme, malgré ses grandes vertus, avoit les défauts de l'humanité. Quiconque se déclaroit contre lui, ou contre ses ouvrages, étoit presque toujours le dernier des hommes. Il mit dans ses disputes, et sur-tout dans celle-ci, beaucoup d'aigreur; il traita Ruffin avec hauteur, pour ne pas dire avec emportement. Quand on lit les injures dont il l'accabla, injures souvent empruntées des poëtes satiriques, on est surpris que des invectives si fortes soient sorties d'une bouche si pure. »